UNE RUBRIQUE PERCHÉE ET CONNECTÉE

J’aime classer des concepts de façon obscure pour les néophytes en tout genre, selon un système inspiré de mes dernières lubies.

Apprendre n’est pas un processus qui se fait sur une période déterminée et Internet est une source intarissable de sagesse et de conneries, dont je tire mes plus grandes leçons de vie. J’inaugure la rubrique NEURANATOMIE, dédiée au partage de liens et de ressources intra ou extra numériques, disséquée en quatre catégories :

S’ALIMENTER SEREINEMENT EN ÉTANT AUTISTE

Une série de faits tirés de mes quelques lectures et expériences personnelles :

  • Les autistes sont souvent hypersensibles aux goûts, aux textures et aux odeurs.
  • Les autistes aiment la répétition de façon obsessive.
  • Les autistes s’accrochent à des choses qu’ils aiment, comme une moule à son rocher.
  • Vivre dans un monde bruyant et chaotique est fatigant et parfois traumatisant quand on est autiste.
  • Comme tout être humain, les autistes font reposer des repères affectifs sur l’alimentation.
  • Ce dernier fait est commun au reste de nos congénères, indépendamment du fait qu’ils soient autistes ou pas.
  • Les autistes vont donc être très susceptibles de manger souvent la même chose, comme mécanisme de soulagement affectif.
  • Le rapport à l’alimentation repose sur des réflexes primaires liés à la survie de notre espèce, qui restent ancrés même dans les sociétés occidentales de la surabondance.
  • Cette dernière dichotomie provoque une dissonance cognitive et des comportements alimentaires déséquilibrés chez la plupart de nos contemporains.

Je me suis intéressée à l’alimentation tardivement, dans ma vie, au moment où je n’avais pas le choix. J’ai découvert un peu par hasard, grâce à Lauren (du feu blog Les questions Composent), la méthode Zermati, qui consiste principalement à apprendre à être à l’écoute de ses sensations de faim et de satiété. Pas de privations à l’ordre du jour, car à quoi bon ? En effet, si on considère le lien étroit entre survie de l’espèce et alimentation, on peut déjà anticiper l’échec de la privation d’une certaine nourriture qui nous attire. En explorant la méthode Zermati, j’ai découvert les choses suivantes, en 2018 :

UNE HISTOIRE HORMONALE

« Mais que se passe-t-il ? », me demandai-je en essayant d’engoncer mon postérieur dans un short de toute évidence trop petit, blâmant le sèche-linge d’avoir rétréci mes vêtements. Rien ne m’allait, comme d’habitude, sauf que le problème n’était plus que n’importe quel vêtement était trop grand pour moi, mais l’inverse. Je n’avais, pourtant, constaté aucun changement dans mon corps.

C’est alors qu’un jour, dans la salle de bain d’une amie, je découvre une balance. Je ne m’étais pas pesée depuis deux ans, je ne me souciais guère de mon poids, mais là, j’ai voulu essayer, curieuse. En voyant mon poids s’afficher, j’ai cru que la balance était cassée. J’ai réessayé. Trois fois. Toujours le même constat : j’avais pris vingt kilos en deux ans. Sans m’en rendre compte.

« RANGE TA CHAMBRE ! », OU COMMENT GÉRER SA PORCHERIE.

Si vous aussi avez toujours pensé que vous êtes trop jolie pour être concernée par les bassesses matérielles du ménage, ce post est pour vous.

Un drame existentiel personnel et intemporel

Ma mère adore me foutre la honte raconter que quand j’étais enfant et adolescente, on ne pouvait « pas mettre un pied devant l’autre » dans ma chambre. Malgré sa tendance à tout dramatiser, elle décrit un fait factuel, cette fois, concernant ma propension à vivre dans un chaos innommable.

LE KIT DE L’ADULTE RESPONSABLE (1)

Gérer ses finances grâce à la technologie.

Voilà des années que je voulais écrire cette série d’articles. Que voulez-vous, maman était très occupée, ces derniers temps. Je passe en un coup de vent pour vous bénir d’un post pragmatique, dans lequel -touchons du bois- je vais rester polie. Enfin, je crois.

Si vous lisez ce post, c’est que vous avez probablement du mal à ne pas être débordés au quotidien par les obligations de la vie d’adulte. Autiste ou pas, les fonctions exécutives sont parfois surchargées. C’est quelque chose à laquelle nos congénères sans handicap ne prêtent guère attention, à leurs propres dépends : un jour, ils se retrouvent en burn-out professionnel, parental ou autre, et se demandent comment ils en sont arrivés là. Leur corps et leur cerveau cessent de fonctionner et ce passage à vide laisse des traces indélébiles sur leur psyché. Sad, sad, sad.

BAS LES PATTES : LES LIMITES PERSONNELLES DES PERSONNES AUTISTES

Les neurotypiques ne comprennent pas l’explicite. On leur a appris à sur-interpréter chaque mot et la moindre intonation. Quand ils entendent « Non » ils pensent  « Mais encore ? ». Souvent, ils entendent également « Convaincs-moi ». Voilà le drame neurotypique, et on doit en parler. 

Les limites : une  vaste définition 

Il y a quelques temps, je parcourais Reddit, dans sa catégorie anglophone « relationship », fascinée - comme le reste d’Internet -  par une histoire à dormir debout : une jeune femme relatant l’étrange et perturbante relation  que son fiancé entretenait avec sa soeur à lui. Au fur et à mesure qu’elle actualisait son histoire, les faits devenaient de plus en plus scandaleux, au point que la belle-soeur vivait pratiquement chez eux et dormait dans le lit conjugal avec son frère - « elle a des problèmes de dos », lui avait dit son fiancé - tandis que notre auteure était reléguée au canapé. 

TA PROF AUTISTE

N’importe quelle généralité sur le travail d’enseignement est à prendre avec des pincettes : en fonction de l’établissement, du grade ou de la matière, le métier est vécu complètement différemment. D’où les articles de presse qui ont pour titre “Les profs au bout du rouleau” ou “Ces profs heureux”, en fonction de ce qu’il convient de diffuser à un moment donné.

Petit aperçu de ma situation : après l’obtention de mon Master, j’ai postulé dans mon académie par le dispositif Bénéficiaire de l’Obligation d’Emploi, destiné aux titulaires d’un Master porteurs/ses de handicap (oui je féminise, parfois, en fonction de mon humeur ou de ma flemme). Jeune oie naïve que j’étais, je croyais que cela débouchait sur un poste en tant que contractuelle. Je pensais que cela me permettrait de bénéficier rapidement d’aménagements et de me conforter ou dissuader de passer les concours, si j’étais embauchée . Me connaissant, même en ayant travaillé dur pour passer les concours, je n’aurais pas hésité à claquer la porte si le travail ne m’emballait pas. Ce n’est que la veille de l’entretien avec la commission de recrutement que j’ai découvert, grands dieux, qu’en étant embauchée, j’obtenais le statut de fonctionnaire stagiaire et pouvais être titularisée (devenir fonctionnaire) à l’issu de l’année de stage. Ah bah les amis, j’ai transpiré. Tout d’un coup, l’enjeu devenait plus grand, mamacita.

QUI L'EÛT CRU? PAS MOI

Voilà un peu plus d’un an que le livre La Fille Sympa a été lâché dans la Nature. Je ne vais pas vous mentir, je ne pensais pas que quiconque pourrait s’identifier à un récit de vie aussi bordélique. Qui donc pourrait s’y retrouver, dans l’expérience la moins universelle du monde? Quand on est autiste, surtout quand on est en cours de diagnostic, on a soif de récits qui nous ressemblent, on a besoin de se sentir moins seul/es, de se sentir, enfin, appartenir quelque part. Quoi de moins familier que le récit d’une autiste n’ayant pas grandi en France, élevée dans un savant mélange de traditions gitanes andalouses et de préceptes sectaires importés des États-Unis (coucou les Témoins de Jéhovah)? J’étais également sceptique quant à l’accueil du ton du livre : il n’a jamais été du goût de la maison de faire dans le misérabilisme, l’inspiration porn ou autres retords narratifs qui font pleurer sous les chaumières et confortent le chaland de sa chance de ne pas être né autiste. Et ça, ça ne fait pas vendre, me disais-je.

COMPENSER OU NE PAS COMPENSER?

CW : mention de suicide

Aujourd’hui j’ai trente ans. Contrairement à nombreux de mes congénères autistes, j’ai survécu à l’entrée dans l’âge adulte sans tenter de mettre fin à mes jours, ce que l’on ne peut pas dire pour un grand nombre d’entre nous. Je sais néanmoins que les nombreuses épreuves que la société validiste (tiens, un nouveau mot pour ta gouverne, Sophie Cluzel ) réserve aux gens comme nous ont considérablement écourté mon espérance de vie et ne me fais pas d’illusion sur le fait de contredire les statistiques . J’ai tout de même l’intention de la vivre pleinement, cette courte vie, mais c’est sans compter sur les nombreux réflexes que nous acquérons pour masquer notre autisme et survivre, tant bien que mal, réflexes qui viennent user à chaque fois notre organisme.

LE BONHEUR DES AUTISTES

Le bonheur des autistes n’intéresse pas les neurotypiques. Surtout pas ceux qui nous voient comme un truc défaillant qu’il faudrait réparer. De quel droit serions-nous heureux, alors qu’eux restent empêtrés dans leurs esprits étriqués, convaincus d’être la norme, ce qu’il “faut” être?

Je n’ai jamais eu autant d’ “amis” que quand j’étais malheureuse. Ça les rassure, de nous avoir sous le coude, comme faire-valoir. À partir du moment où nous accédons au bonheur notre existence perd tout intérêt, à leurs yeux. S’ils ne peuvent plus se rassurer sur leurs vies en nous voyant misérables, à quoi bon? Qui va donc leur fournir leur dose de pathos, désormais? Non, c’est vraiment trop injuste.