Journal Porteño #2
Cette fois, je n’écris pas depuis la capitale de l’Argentine, mais au cœur de la Patagonie, plus précisément depuis les bordures du lac Nahuel Huapi, pas loin de San Carlos de Bariloche.
Je n’ai jamais été aussi près de l’Antarctique. Si je dézoome mon appli Plans, voilà ce que je vois :
J’aimerais bien continuer plus au Sud, passer par Ushuaïa puis pousser jusqu’à l’Antarctique. Mais bon, je suis venue en Argentine pour un baptême et je fais une brève escapade, l’idée n’est pas de s’improviser en Capitaine Cousteau.
Que faire en Patagonie
Il y a plein de choses à faire en Patagonie et autour du lac. Mes activités préférées ? Le kayak et l’équitation dans les plaines. Cependant, pour ce billet, j’ai choisi la plus insolite de toutes, celle qui criera au monde que vous êtes une aventurière de la Pampa, une vraie :
Trendy : Une entorse à la cheville
La base. Si vous ne vous êtes pas fait une entorse en crapahutant dans les Andes, avez-vous vraiment vécu ?
Je mythonne un peu. L’entorse, je me l’étais faite bien avant, plus précisément chez l’un des opticiens les plus chics de Nantes, dont j’ai gratifié la moquette d’une chute spectaculaire. La baguette de pain que je tenais a roulé et répandu sa farine partout tandis que des clients poussaient des exclamations un peu effarées (mais pas trop)(on est chics, après tout).
Je passe ma vie à me vautrer. Je suis maladroite, et toute la rééducation motrice du monde n’y peut rien. Long story short, je me fais une légère entorse à Nantes, j’arrête le sport pendant un mois, histoire que la cheville récupère, puis je continue ma vie.
It follows
Sauf que dans cette région, tout est en côte. Même les villes sont en pentes. On passe sa vie à grimper partout. Alors, si en plus on ajoute des balades, des randonnées et autres activités, de vieux fantômes corporels reviennent vous hanter.
Bien sûr, la plupart des gens sentiraient au moins un tiraillement au niveau de du membre incriminé. En ce qui me concerne, je suis… hyposensible à la douleur. C’est très étrange, car je ne supporte pas la lumière vive ou le bruit, mais la douleur ? Rien, nada, je ne calcule même pas.
Ce n’est qu’en me savonnant les jambes sous la douche que je me suis rendu compte que mon pied avait, pas doublé, non, mais triplé de volume. On aurait dit que j’avais une bouée autour de la cheville. J’ai d’abord cru à la morsure d’un de ces cassos d’animaux sauvages peuplant ces montagnes.
Hyposensibilité vie
La pharmacienne m’a cependant confirmé qu’il s’agissait des effets d’une entorse, mais elle s’étonnait de me voir marcher, et que je ne ressente aucune douleur. Cela m’a rappelé un certain nombre de fois où je me suis fait engueuler aux urgences pour des problèmes de santé graves, que j’avais laissé traîner, car je ne ressentais qu’une “gêne”. La seule raison pour laquelle j’ai fini aux urgences, c’est parce que quelqu’un m’a dit “meuf, c’est ultra grave, tu dois absolument consulter”, sinon, je serais probablement morte.
Sachant que je ne peux me fier à mon échelle de la douleur pour évaluer la gravité d’une blessure, j’y suis allée mollo. Sans pouvoir m’empêcher de penser en arrière-plan, toutefois, “Au pire, si je perds un pied, il m’en restera toujours un autre”.